samedi 20 mars 2010

Magnifiscience gauloise

Fibules en or reliées par une chaînette, exposées au Musée Bargoin

Ces fibules viennent du plateau de Corrent, situé à une quinzaine de km de Clermont. Ce plateau, à une altitude 280m domine l'Allier et est naturellement protégé.
Le site de Corrent est connu depuis le 19e siècle pour sa richesse archéologique. Les activités agricoles et l'érosion ont permis de mettre à jour de nombreux objets: monnaies, armes, parures et céramiques.
En 1860, Jean-Baptiste Bouillet, premier conservateur du Musée Bargoin, acheta d'ailleurs des bracelets en bronze provenant du plateau du Corrent.
Les fouilles archéologiques au plateau ne commencèrent réellement pendant la seconde moitié du 20e siècle.
En 1969, une fosse du Néolithique est mise à jour (crânes, tessons, et deux vases exposés dans le musée). C'est en 2001 qu'un sanctuaire avec un atelier monétaire. Les fibules, quant à elles sont découvertes en 2005 dans une maison aristocratique jouxtant le temple. Elles étaient posées à plat en bordure d'un sol aménagé par des tessons d'amphores qui matérialisaient une salle carrée. Elles étaient sûrement cachées sous le plancher ou une cloison.

Les fibules sont fabriquées à partir d'un fil d'or martelé et replié pour former le ressort à 4 spires, l'arc, l'ardillon et le porte d'ardillon. Les nodosités qui surmontent l'arc ont été moulées puis reprises à la lime. Le métal utilisé est pratiquement pur (plus ou moins 92%).
La chaînette qui relie les fibules est de composition complexe, faite de doubles maillons réalisés à partir de plusieurs fils d'or repliés, technique dite "en queue de renard". Cette technique était courante dans l'orfèvrerie hellénistique tardive et romaine. On pense donc que cette fibule daterait de la deuxième moitié du premier siècle avant JC (entre 70-60 et 40-30 av JC).

Matthieu Poux, responsable des fouilles, constate: "L'extrême rareté et le statut particulier de cette forme de parures au nord des Alpes. Les fibules de Corent appartiennent à une famille de fibules italiques produites dans le Nord de la Gaule cisalpine et diffusées en transalpines entre les années 70 et 30 avant JC. Leur matériau et la technologie de la chaînette conforte cette filiation méditerranéenne également soulignée par les sources textuelles. Remarquées à Rome comme un insigne porté par les tribuns militaires et offert en guise de présent diplomatique; ces garnitures en or ont pu parvenir en Gaule par différentes voies: soit grâce aux liens privilégiés, aussi bien diplomatiques que commerciaux, entretenus par certaines chefferies arvennes ou insulaires avec la République romaine, soir par l'intermédiaire d'officiers légionnaires ou auxiliaires engagés dans les opération de conquête."

Si vous en avez le temps, la prochaine fois que vous allez sur Clermont, visitez le Musée Bargoin: il regorge de magnifiques objets!

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